Bitcoin et crypto-monnaies danger ou espoir ?

Dans le cadre de ces travaux, nous ne rentrerons pas dans les détails techniques de l’implémentation de cette monnaie virtuelle et décentralisée, mais après une rapide (et, nous l’espérons, digeste) présentation de ce que sont les crypto monnaies, j’axerai ma planche sur la philosophie politique sous-tendue par ses chantres et ce qui est en tâche de fond derrière ces graphiques totalement fous que vous avez peut-être vu passer dans les media.

Dans la suite de cette planche, nous parlerons majoritairement du bitcoin car c’est la toute première crypto monnaie viable qui ait vu le jour, et que c’est celle qui porte, à notre sens, le plus de force.

Le bitcoin (BTC) a été créé en 2009 par quelqu’un se faisant appeler Satoshi Nakamoto. Personne ne sait qui est ou qui sont Satoshi. Il est plus que probable que ce soit un alias, et il a cessé d’être utilisé pour disparaître de la surface du globe le 12 décembre 2010.

Le principe du BTC et des Crypto monnaies en général est de créer un réseau d’échange de ces cryptos décentralisé et sécurisé. Ce point est un peu complexe, je vais m’y attarder.

Imaginons que je possède un BTC et que je souhaite le transférer à quelqu’un, par exemple ma fille.

Ma fille dispose pour ça d’un portefeuille digital, représenté par une adresse unique et lui permettant de stocker ses BTC.

Elle me donne l’adresse de son portefeuille, et pour lui transférer ce BTC, je n’ai qu’à dire au système mon adresse, son adresse, et le montant que je souhaite lui transférer.

Nous en arrivons alors à la partie sécurisation du transfert. Mon ordre de transfert est envoyé sur Internet, et des ordinateurs répartis à travers le monde, vont le mettre à disposition.

D’autres ordinateurs qui y sont abonnés vont prendre la transaction, et effectuer des calculs mathématiques complexes pour valider le caractère unique de la transaction. Après plusieurs étapes comme cela, le BTC est crédité sur le portefeuille de ma fille.

Les ordinateurs qui sont en charge de valider la transaction se voient créditer de frais de transaction pour leur travail.

Vous noterez ici qu’il n’y a intervention d’AUCUNE autorité centrale sur ce transfert. Personne ne peut dire « non, cette transaction ne peut avoir lieu ».

Par ailleurs, le BTC est limité par construction à un certain nombre (21 millions de BTC existeront, et jamais plus).

Il est donc impossible de faire tourner la planche à BTC en cas de crise. Pas de dévaluation inflationniste suite à la décision de tel ou tel décideur politique.

Il est ensuite possible de s’appuyer sur ces échanges sécurisés pour certifier tout type de transaction. Par exemple, si on veut valider l’unicité d’un vote électronique, ou certifier la signature d’un contrat, les possibilités sont infinies dans le cadre de la numérisation de nos usages…

Nous en avons fini avec la technique, un peu rébarbative et en arrivons aux concepts philosophiques sous-tendu par cette mouvance.

Comme nous vous l’avons expliqué, la génération de cette monnaie est accessible à tous et toutes, et à personne… Avec un ordinateur, vous pouvez théoriquement commencer à fabriquer vous-même cette monnaie. Sans avoir besoin d’une autorisation quelconque de qui que ce soit.

Elle est également limitée en quantité dans le cas du BTC.

Cet état de fait génère une spéculation que certains qualifieraient d’effrénée sur cette monnaie, car elle est en quantité finie.

A titre d’exemple, en mars 2012, le BTC avait une valeur d’échange de 5$, autrement dit, quelqu’un qui voulait en posséder devait dépenser 5$ pour en avoir un.

En mars 2020, le BTC valait 7 000$.

Aujourd’hui, il en vaut 44 000 à l’heure ou ces lignes sont écrites (décembre 2023).

Là, bien entendu, nous ne parlons que de spéculation, ce qui est l’épouvantail que l’on nous met devant les yeux pour masquer le fondement du BTC.

Le cœur du système créé en 2009 n’était pas de faire de la spéculation, mais de créer une monnaie, une vraie. Non indexée sur de l’or, du dollar ou de l’euro, mais ayant une valeur intrinsèque.

Qui dit monnaie dit bien sûr échange de services ou de biens à travers elle. Et c’est là que nous arrivons à un point critique. Jusqu’ici quelques points épisodiques d’achats en  BTC sont apparus. Mais depuis plus d’un an, tout s’accélère à une vitesse folle. Des sociétés majeures comme Paypal ou Tesla autorisent les paiements en BTC basés sur un change BTC / USD. C’est le pied dans la porte avant d’ouvrir de vrais achats en BTC sans notion de cours. D’ici quelques mois ou années, rien n’empêchera de mettre en vente sa guitare sur ebay pour 0,00001 BTC.

Nous entrons alors dans un autre paradigme. A partir du moment où il y a une acceptation massive de la population pour le BTC, quand les achats ne se feront plus en $, € ou en or, les banques centrales, et donc nos gouvernants, perdront un levier d’action immense sur leurs politiques, la politique monétaire. Elles ne contrôleront plus l’émission de monnaie, et donc, ne pourront plus jouer sur les taux directeurs, sur le marché interbancaire.

Je vous cite la définition de la politique monétaire :

Le rôle de la politique monétaire est de veiller à la stabilité monétaire et financière. Ce qui consiste à fournir les liquidités nécessaires à la croissance de l’économie tout en garantissant la stabilité de la monnaie. L’augmentation de la quantité de monnaie disponible dans l’économie ne doit être ni trop faible (le risque est de limiter l’activité économique, si les moyens de paiement en circulation sont insuffisants), ni trop rapide par rapport à la croissance de la production (le risque est de provoquer une hausse des prix, inflation, si le pouvoir d’achat à la disposition des agents est supérieur à l’offre de biens et services disponibles). 

Imaginez l’Europe, les USA, sans la possibilité de faire tourner la planche à billets dans une période comme celle que nous traversons ? Sans la possibilité d’annuler une dette d’état ?

La plupart des gouvernements mondiaux ne possèdent que très peu de crypto monnaies. Ils perdront tout moyen d’action. D’un autre côté, cela protège de gouvernements défaillants sur ce sujet…

Ce phénomène nous excite et nous terrifie à la fois. Quelle sera la réaction des gouvernements face à cette lame de fond qui s’annonce ? Une interdiction totale ? Comment ? Ils sont déjà incapables de réguler les fake news sur Internet ou les contenus pedo-pornographiques… Un achat massif pour limiter la casse ? Une perte totale de contrôle de leurs états en faveur d’entreprises qui auront réagi avant eux ?

Nous ne savons pas exactement ce qui va se passer, mais dans tous les cas, ces sujets sont à notre sens questionnant. Par cette simple idée de monnaie virtuelle décentralisée (on ne peut pas tuer une idée), nous pourrions nous retrouver dans le même état d’esprit qu’au lendemain du 11/09, le colosse aux pieds d’argile, mais là, cela pourrait bien ne pas être qu’un seul état, mais tous les états du monde.

On notera toutefois que certains s’activent pour contrer depuis de nombreuses années l’émergence des CM en attaquant au niveau du grand public l’image des CM. Parmi les arguments les plus répétés :

  • Le BTC sert au blanchiment d’argent

Vrai, mais personne n’a attendu le BTC pour faire du blanchiment d’argent, et si on compare le blanchiment des circuits « classiques » à celui des CM, permettez-moi de rire… Une seule chose est vraie, c’est qu’avec le BTC, n’importe qui peut le faire. Maintenant, n’oubliez pas que l’ensemble des transactions en BTC est public. N’importe qui peut suivre les mouvements de BTC.

  • Le minage de BTC est anti écologique car il dépense énormément d’énergie électrique

Vrai et faux. Oui, le minage de crypto monnaies dépense énormément d’énergie pour faire fonctionner les ordinateurs. Mais la très vaste majorité des fermes qui consomment cette énergie se situe dans des zones qui surproduisent de l’énergie suite à des décisions d’états. Par exemple, la chine a fait construire de très nombreux barrages et centrales dans certaines zones du pays, où cette énergie n’est pas nécessaire, et comme il y a de la perte en ligne en fonction de la distance entre un producteur d’énergie et ses consommateurs, cette électricité ne peut même pas être utilisée pour autre chose.

  • La Chine, l’Iran et d’autres pays qui ont une notion différente des droits de l’homme sont en train de récupérer de plus en plus de BTC et donc de pouvoir monétaire si ce que je vous ai décrit plus tôt arrive

OUI, OUI, et OUI. Mais à qui la faute ? Qui ne s’est pas bougé pour sécuriser ce risque ? Qui préfère faire comme l’industrie musicale à l’arrivée des mp3 ?

En résumé, beaucoup de questions, des craintes, des espoirs aussi. Peu de réponses certes, mais si les questions ne sont pas posées, les réponses ne peuvent pas arriver. Et c’est l’un des sens de l’engagement maçonnique : il est plus important de poser les questions que de trouver les réponses.

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